| Livre 1, Fable 14LE CORDONNIER DEVENU MÉDECIN |  Liber I, Fabula XIVEX SUTORE MEDICUS |
| 1 Un mauvais Cordonnier, perdu de misère, mourant de faim, 2 alla exercer la médecine dans un pays où il n'était pas connu, 3 il vendait un faux antidote, 4 et son verbiage lui eut bientôt fait un renom. 5 Le roi de la ville, qu'une grave maladie retenait au lit, 6 voulut mettre son savoir à l'épreuve. 7 Il demanda une coupe, y versa de l'eau, et feignit 8 de mêler du poison à l'antidote du prétendu médecin ; 9 puis il lui ordonna de boire, lui promettant une récompense. 10 La peur de la mort fit alors avouer à notre homme 11 que ce n'était pas à ses talents en médecine, 12 mais à la sottise du vulgaire, qu'il devait sa réputation. 13 Le roi assemble les habitants, et leur dit : 14 « Voyez la folie qui vous aveugle ; 15 vous allez confier vos tètes 16 à celui à qui personne n'a voulu donner ses pieds à chausser. » | 1 [p.10] Malus cum sutor inopia deperditus 2 medicinam ignoto facere coepisset loco 3 et venditaret falso antidotumanthidotum nomine, 4 verbosis adquisivitadquesivit sibi famam strophisstrofis. 5 Hic cum jaceret morbo confectus gravi 6 rex urbis, ejus experiendi gratia 7 scyphum poposcit : fusa deinde simulans aqua 8 miscere antidotoanthidoto illius se toxicum, 9 bibere jussit ipsum, posito praemiopremio. 10 Timore mortis ille tum confessus est 11 non artis ulla medicum se prudentia, 12 verum stupore vulgi factum nobilem. 13 Rex advocata contione haec addidit : 14 « QuantaeQuante putatis esse vos dementiae 15 qui capita vestra non dubitatis credere 16 cui calceandoscalcandos nemo commisit pedes ? » |
| 17 Ceci regarde, à mon avis, ceux qui, 18 par leur sottise, enrichissent l'impudence. | 17 Hoc pertinere vere ad illos dixerim 18 quorum stultitiae quaestusquestus inprudentia est. |
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