La soeur et le frère

Livre 3, Fable 8LA SŒUR ET LE FRÈRE
Liber III, Fabula VIIISOROR AD FRATREM
Averti par cet exemple, examinez-vous souvent. Praecepto monitus saepe te considera.
Un homme avait une fille des plus laides, et un fils d'une figure remarquable. Ces enfants, jouant un jour ensemble, aperçurent par hasard un miroir posé sur la chaise de leur mère. Le jeune garçon vante sa beauté. Sa Sœur, à cet accès de vanité, se met en colère et prend tout ce badinage pour une injure. Pour le mortifier à son tour, elle court vers son père, 10 et fait, la jalouse, un crime à son jeune Frère d'avoir touché, 11 lui homme, un meuble de femme. 12 Le père les prit tous deux dans ses bras, 13 et partageant également ses caresses et ses baisers. 14 « Je veux, leur dit-il, que tous les jours vous vous serviez de ce miroir : 15 toi, pour que les vices du cœur ne ternissent pas ta beauté, 16 et toi, ma fille, pour que tes bonnes qualités rachètent les torts de la nature. » Habebat quidam filiam turpissimam idemque insigni et pulchra facie filium. HiHis speculum in cathedra matris ut positumsuppositum fuit,#P.; pueriliter ludentes forte inspexerunt. Hic se formosum jactat ; illa irascitur nec gloriantis sustinet fratris jocos, accipiens, quid enim ? cuncta in contumeliam. Ergo ad patrem decurrit laesura invicem 10 magnaquemagnaquae invidia criminatur filium 11 vir natus quod rem feminarum tetigerit. 12 Amplexus ille utrumque et carpens oscula 13 dulcemque in ambos caritatem partiens : 14 « Cotidie, inquit, [p.37] speculo vos uti volo, 15 tu formam ne corrumpas nequitiae malis, 16 tu faciem ut istam moribus vincas bonis. »

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